Les médecins sont les mieux placés pour évaluer quelles souffrances sont supportables.
Il y a certes des signes extérieurs de la souffrance mais la souffrance reste une expérience subjective. Il n’y a donc que la personne concernée qui puisse juger si sa souffrance est supportable ou pas.
À noter que la souffrance psychique peut être aussi grave que la souffrance physique et que la perte d’autonomie est souvent la cause d’une immense détresse psychologique. Dans l’état de l’Oregon aux États-Unis, où le suicide assisté est légal depuis 1997, la vaste majorité de ceux qui l’ont choisi l’a fait pour cause de perte d’autonomie et d’incapacité à faire les choses qui leur rendent la vie vivable. Seulement un quart l’ont choisi pour cause de souffrance physique.[1] Une étude récente, dans une région de France, indique que parmi des patients qui réitèrent leurs demandes d’euthanasie et de suicide assisté, la motivation de presque tous est liée à des difficultés à gérer leur perte d’autonomie.[2]
On ne peut pas s’attendre à ce que tout individu ait les moyens, les facultés d’esprit, les intérêts, et le courage de Stephen Hawking, par exemple, qui a mené une vie brillante malgré la maladie de Charcot. Il faut respecter que dans des conditions similaires certains veuillent être maintenus en vie et que d’autres demandent la mort. Chaque individu a ses propres limites. On ne peut pas laisser les autres, même s’il s’agit de médecins, décider de prolonger la vie d’une personne contre sa volonté.
[1] Source: Doctor-assisted dying. Final certainty. The Economist June 27th 2015.
[2] Source: « Évolution des demandes d’euthanasie ou de suicide assisté selon les professionnels de santé », ELSEVIER, 28 Septembre 2022