Fin de vie réfléchie

Fausse certitude #12

Provoquer la mort est moralement réprouvable. Il faut donc laisser mourir.

Dans les circonstances où il n’y a pas de guérison possible, la loi actuelle interdit l’obstination déraisonnable tout en refusant que la mort soit provoquée, même si elle est inévitable. Afin d’accélérer la mort, la loi permet l’arrêt de toute alimentation et hydratation. Or, mourir de faim et de soif, prend du temps, et entraîne d’autres douleurs atroces. Afin d’éviter d’ajouter de nouvelles souffrances, la loi permet – en toute fin de vie – la sédation profonde et continue. Il s’agit de donner des doses suffisamment élevées d’un médicament pour sédater le patient, tout en assurant qu’elles ne soient pas suffisamment élevées pour provoquer sa mort. Il est admis qu’il est possible que ces doses entraînent la mort mais tant que l’intention du médecin est d’arrêter les souffrances, et non de provoquer le mort, il respecte la loi.

Cette approche est ouvertement hypocrite. En effet, enlever toute alimentation et hydratation provoque inévitablement la mort. Comment alors prétendre que le médecin ne provoque pas la mort ? En outre, la science ignore le degré de souffrance ressentie des personnes en état artificiel de semi-coma. Enfin, une vie déconnectée de la réalité a-t-elle encore un sens ?

Quand la maladie condamne le patient à mourir, et qu’il trouve que ses souffrances sont insupportables, il apparaît éthiquement juste de l’aider à y mettre un terme s’il en fait la demande. La seule manière d’y parvenir de façon efficace et rapide est une aide médicalisée à mourir. Ce qui compte n’est pas la distinction théorique et contestable entre laisser mourir et donner la mort ; ce qui compte, c’est que les intentions du médecin soient bonnes c’est-à-dire qu’il priorise la fin des souffrances insupportables et inapaisables et qu’il agisse avec compassion et selon le souhait du patient.