L’euthanasie et le suicide assisté ne permettent pas un deuil convenable.
Cette affirmation est étrange à plus d’un titre : d’une part, parce qu’elle suggère que plus la mort est lente plus le deuil serait facile, d’autre part parce qu’elle occulte totalement le calvaire de la personne mourante.
Évidemment, le travail du deuil est toujours éprouvant, notamment quand le décès est subit et imprévu, survenant généralement dans des circonstances violentes ; un accident, un suicide, une maladie fulgurante.
La mort par euthanasie ou suicide assisté comprend paradoxalement plusieurs facteurs d’allègement du deuil :
– tout d’abord, l’échéance du décès n’est pas une inconnue et permet de s’y préparer qu’il s’agisse du malade ou des personnes de son entourage ;
– de ce fait, les membres de l’entourage peuvent ensuite exprimer leurs adieux au moment opportun, ce qui est toujours un élément central dans l’approche du deuil ;
– enfin, les demandeurs d’assistance à mourir ressentent un soulagement manifestement appréciable lorsqu’on leur confirme que leur demande a été entendue et sera effectivement appliquée, ce qui peut aussi contribuer à consoler l’entourage.
Sur ce dernier point, j’en ai eu également confirmation à titre personnel en suivant le parcours d’Alain Cocq, souffrant d’une maladie incurable, avec qui j’ai eu plusieurs conversations au ton généralement accablé et déprimé, mais dont la voix est redevenue légère et enjouée dès lors qu’il a su que sa demande pour bénéficier d’un suicide assisté en Suisse avait été acceptée.
Et pour aller plus loin, on se reportera utilement au livre du Dr Yves de Locht « Docteur, rendez-moi ma liberté » qui regroupe de nombreux témoignages d’allègement du deuil dans des cas d’euthanasie en Belgique.